Stratégies pour maximiser l'hypertrophie musculaire
Qu'est-ce l'hypertrophie musculaire ?
L'hypertrophie musculaire peut être définie comme l'augmentation de la dimension du tissu musculaire. Ce processus adaptatif à la contraction musculaire semble être dû à trois phénomènes :
augmentation des éléments contractiles - sarcomères (en série et/ou en parallèle) ;
augmentation des éléments non contractiles (ex. collagène, organites, myoglobine, glycogène etc.) et sarcoplasme ;
augmentation de l'activité des cellules satellite.
B. J. Schoenfeld, 2010.
Sous des conditions normales, l'hypertrophie visible est le résultat de l'augmentation des sarcomères en parallèle (Paul & Rosenthal, 2002; Tesch & Larsson, 1982), qui, à son tour, résulte en une augmentation individuelle des fibres musculaires et conséquente augmentation de la région transversale du muscle (Toigo & Boutellier, 2006).
Nous pouvons penser à l'hypertrophie en parallèle en faisans une analogie entre le sarcomère et une boîte de sardines, où chaque unité est placée parallèlement aux autres.
D'un autre côté, l'hypertrophie longitudinale peut être vue comme une augmentation des sarcomères de façon longitudinale, un peu comme l'ajout de "perles à un collier".
L'augmentation des sarcomères en série se produit, généralement, quand le muscle est obligé à s'adapter à une nouvelle longueur fonctionnelle (Toigo & Boutellier, 2006).
Il existe quelques évidences qui suggèrent que l'hypertrophie en série puisse se produire dans une phase initiale de l'entraînement, probablement dans les 5 premières semaines (Blazevich, Cannavan, Coleman, & Horne, 2007; Seynnes, de Boer, & Narici, 2007).
Le type d'entraînement peut aussi produire de l'hypertrophie longitudinale, si la vitesse d'action concentrique est augmentée, mêmes pour les athlètes entraînés (Alegre, Jimenez, Gonzalo-Orden, Martin-Acero, & Aguado, 2006; Blazevich, Gill, Bronks, & Newton, 2003).
D'autres facteurs, outre que l'exercice (tension mécanique, dommage musculaire et stress métabolique) peuvent influencer la réponse hypertrophique, notamment : hypoxie, hormones et citocynes, migration des cellules satellite, expansion cellulaire et plusieurs voies myogéniques (akt/mTOR, MAPK et voies calcium-dépendantes) (B. J. Schoenfeld, 2010).
De manière résumée, les muscles peuvent augmenter leurs unités contractiles tant en parallèle comme en série, bien que la première semble être la vrai responsable de l'augmentation de leur taille.
Il existe une composante héréditaire non négligeable entre la quantité totale et appendiculaire de masse non grasse et l'expression de gènes spécifiques, notamment de quelques polymorphismes génétiques (HSD17B11, VCAN, ADAMTSL3, IRS1, FTO) (Zillikens et al., 2017).
Il est l'occasion de dire qu'en ce qui concerne la masse musculaire, il faut bien choisir ses parents.
Comment déterminer la masse musculaire ?
La masse musculaire, au contraire de ce qui se pense communément, n'est pas directement déterminée à partir de la bio-impédance, plis cutanés, absorptiométrie biophotonique à rayons X (DXA), pléthysmographie, etc...
Il existe quelques formules qui déterminent la masse musculaire squelettique à partir des plis cutanés et périmètres (Lee et al., 2000) ou autres moyens qui estiment la masse musculaire à partir de DXA (Kim et al., 2004). Cependant, ces moyens restent des extrapolations.
Les moyens mentionnés précédemment (y compris la DXA) estiment surtout la masse non grasse, parfois appelée de masse maigre (ce n'est pas exactement la même chose), cependant le compartiment le plus important de la masse non-grasse n'est pas le muscle squelettique, mais l'eau. Ainsi, l'hydratation de l'athlète influencera la détermination (Ackland et al., 2012; Buckinx et al., 2018; Lohman, Harris, Teixeira, & Weiss, 2000; Toombs, Ducher, Shepherd, & De Souza, 2012). Même chez les athlètes, il est rare que la masse musculaire excède les 50% de la masse non grasse (Abe et al., 2018).
La masse musculaire est normalement déterminée par des techniques d'imagerie comme les ultrasons, la tomographie assistée par ordinateur ou la résonance magnétique (Buckinx et al., 2018), qui l'estiment à partir de la détermination musculaire directe (ex. épaisseurs musculaires).
Toutes les techniques présentent des limitations, vu que même la dissection de cadavres (considérée comme le meilleur moyen pour l'évaluation de la composition corporelle) présente des limitations (ex. questions sous-jacentes à l'hydratation, le fait de ne pas avoir été effectuée avec des athlètes, de ne pas être faite (évidemment) in vivo etc.) (Ackland et al., 2012)."
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