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Comment guérir le stress, l’anxiété, la dépression sans médicament ni psychanalyse


Phrase-résumé de “Guérir” : “Notre cerveau “émotionnel” est bien plus que le vestige encombrant de notre passé animal : maître de notre corps et de nos passions, il est la source même de notre identité, des valeurs qui donnent un sens à notre vie. Qu’il se dérègle un tant soit peu, et celle-ci part en lambeaux; qu’il soit en harmonie avec notre corps et nous devenons pleinement nous-mêmes…”

De David Servan-Schreiber, 302 pages, Editions Robert Laffont

Note : Cette chronique invitée a été écrite par Bernadette GILBERT du blog Cuisine “Santé-Saveur-Satiété” , dont l’objectif principal est de montrer que le bien-être, physique et psychique, passe par une saine alimentation.

7 méthodes particulièrement efficaces, même si certaines sont totalement inconnues du public français :

  • l’EMDR (l’intégration neuro-émotionnelle par les mouvements oculaires – Eye Movement Desensitization and Reprocessing)

  • Régularisation du rythme cardiaque pour contrôler les émotions

  • synchronisation des horloges biologiques

  • acupuncture

  • exercice physique

  • apport d’acides gras “oméga-3“

  • technique de “communication affective”

1 Une nouvelle médecine des émotions

Nous avons parfois tendance à envier la vie des autres. Or, certaines de ces personnes que nous envions finissent leur vie de façon triste ou dramatique. Puis, il y a des gens tout simplement heureux parce qu’ils savent apprécier ce qu’ils ont et se font un plaisir du quotidien. Qui sont ces gens ? Quels sont leurs secrets ? David Servan-Schreiber, au fil de ses longues formations diversifiées, fait le constat que ce qui l’a le plus aidé dans la pratique de sa profession, ce n’est pas ce qu’il avait appris à l’Université !

Le tournant

Ce qu’il avait appris tenait de la formation scientifique rigoureuse. Pourtant, rapidement, l’esprit curieux et exigeant de David Servan-Schreiber va émettre des doutes quant à la manière dont la psychiatrie aborde ses patients et il finit par se demander si le rejet systématique des médecines traditionnelles repose vraiment sur des preuves scientifiques ou sur de l’ignorance ? Et pourquoi la demande pour ces médecines traditionnelles augmente-t-elle ?

Le constat

Les troubles cliniques liés au stress sont en croissance et les conséquences dramatiques. La bonne vieille méthode pour soigner les dépressions, psychanalyse et médicaments, est sérieusement remise en cause. Mal évalués, les résultats de l’analyse laissent de plus en plus sceptique : longue et coûteuse. Reste la voie des psychotropes qui ne guérissent pas, mais offrent parfois une rémission salutaire.

Une autre approche

A Pittsburgh, David Servan-Schreiber étudie comment on peut soigner la dépression, l’anxiété et le stress en faisant appel au corps plutôt qu’au langage. C’est la nouvelle médecine des émotions selon laquelle :

  • le cerveau émotionnel ne peut être influencé par le langage

  • il régit le bien-être psychologique et une grande partie de la physiologie du corps

  • les expériences du passé, imprimées dans le cerveau émotionnel, continuent souvent de contrôler nos ressentis et nos comportements

  • le psychothérapeute a pour tâche de reprogrammer le cerveau émotionnel en fonction du présent

  • le cerveau émotionnel a ses propres mécanismes d’auto-guérison.

2 Malaise dans la neurobiologie : le difficile mariage de deux cerveaux

Ce sont les émotions qui donnent du sens à notre vie. Privés d’elle, nous perdons le contact.


L’intelligence émotionnelle

C’est le terme qui définit l’équilibre entre l’émotion et la raison. On sait depuis longtemps que le QI n’est pas majoritairement un moyen avéré de réussite. Il y a plusieurs formes d’intelligences, comme l’ont avancé Jung et Piaget, mais celle qui détermine le mieux la réussite, le succès, c’est l’intelligence émotionnelle. Pour en mesurer le quotient, on étudie 4 fonctions essentielles :

  • l’aptitude à identifier son état émotionnel et celui des autres

  • l’aptitude à comprendre le déroulement naturel des émotions

  • l’aptitude à raisonner sur ses propres émotions et celles des autres

  • l’aptitude à gérer ses émotions et celles des autres

Fondamentales, ces aptitudes ne sont pourtant pas ce dans quoi nous excellons le plus. Ainsi, on peut avoir un QI très élevé et un QE (quotient émotionnel) très bas. Ainsi, le problème de poids tient-il de ce manque d’intelligence émotionnelle, problème que n’ont généralement pas ceux qui ont appris à maîtriser leur stress et à reconnaître les avertissements de leur organisme. De même, un enfant qui apprend à contrôler ses émotions, à gérer ses frustrations et à coopérer sera plus probablement prédisposé à la productivité et à une vie sociale harmonieuse.

Par-delà Freud et Darwin : la troisième révolution de la psychologie

Selon Darwin, l’espèce progresse par addition successive de nouvelles particularités et elle est donc obligée de vivre avec cette hérédité de ceux qui nous ont précédés, y-compris les animaux.

Selon Freud, il existe une partie de la vie psychique qu’il a appelée l’inconscient, mais ils affirmait à ses proches que la génération qui le suivait saurait fait la synthèse entre la psychologie et la biologie.

Selon Damasio, un chercheur américain, les émotions sont indissociables de la raison.

Les deux cerveaux : cognitif et émotionnel

Le cerveau émotionnel, dit limbique, a une structure simple, ses traitements de l’information sont primitifs, mais induisent des réactions très rapides et essentielles à notre survie. C’est cette partie de notre cerveau qui reçoit les informations de notre corps et y répond de manière appropriée en gérant son équilibre physiologique. Le cerveau limbique est plus proche de notre corps que du cerveau cognitif. C’est ce qui fait de notre corps la meilleure voie d’accès aux émotions.

Le cerveau cognitif, dit néocortex, est d’une structure très organisée qui lui permet de traiter une infinie quantité d’informations. Cette partie du cerveau distingue l’homme de l’animal par sa taille, proportionnellement énorme. C’est lui qui traite l’attention, la concentration, la réflexion et la planification. Mais aussi le comportement moral…

Quand les deux cerveaux ne s’entendent pas

Nos ressentis dépendent du mode de coopération ou de compétition de ces deux cerveaux. Celle-ci nous rend malheureux quand celle-là nous fait ressentir l’harmonie intérieure.

Depuis toujours, notre cerveau émotionnel traite des questions de survie, nous faisant instantanément prendre conscience des dangers ou des opportunités exceptionnelles pour assurer nos fonctions de survie (comme la reproduction, par exemple). Sa réaction est si puissante et si rapide qu’il est capable de court-circuiter toute activité du cerveau cognitif.

C’est là que notre instinct domine en termes de réaction et que ce vestige de nos origines humaines nous est infiniment précieux. Mais quand ce cerveau émotionnel prend le contrôle sur un trop long terme, il nous fait perdre notre capacité de jugement et de raisonnement. C’est le cas du stress post-traumatique ou de l’attaque d’anxiété.

A l’inverse, le cerveau cognitif dont la fonction est de contrôler les émotions et d’empêcher qu’elles n’entravent notre évolution. Mais si ce cerveau intervient trop souvent, on risque de perdre la chance des alarmes émotionnelles et nous mener à faire taire nos valeurs profondes devant une situation personnelle pourtant souffrante et cet état mène à des problèmes physiques.

Le flux et le sourire du Bouddha

La meilleure définition de l’état de bien-être que nous pouvons donner, c’est l’harmonie entre le cerveau émotionnel et le cerveau cognitif. Sa manifestation biologique en est le sourire vrai, celui qui s’exprime également au niveau des yeux, niveau qui ne peut être activé que par le cerveau limbique. C’est le sourire du visage du Bouddha.

Dans les méthodes naturelles que David Servan-Schreiber nous présente dans les chapitres suivants, nous retrouverons cet objectif d’harmonisation. Si le QI n’évolue que peu au cours de notre vie, le QE peut se développer à tout âge !

3 Le cœur et la raison

La découverte du lien entre le “cœur” et le “cerveau” est toute récente. On sait maintenant que si l’un se détraque, l’autre en subit les conséquences. Si l’on pouvait, médicalement, harmoniser leur relation, c’est tout l’organisme qui en serait bénéficiaire. Ce médicament n’existe pas, mais il existe une méthode capable de créer les conditions de cette harmonie. Pour la découvrir, David Servan-Schreiber nous propose d’abord une synthèse du fonctionnement de ce lien.

Le cœur des émotions

Le cœur, comme le cerveau ou les intestins, a son propre réseau de neurones et ses hormones et même un champ magnétique détectable à distance, mais dont on ne connaît pas encore la fonction. C’est dire que, quand il fonctionne, il influence toute notre physiologie et c’est une clé de l’intelligence émotionnelle.

On se rappelle que le système nerveux est constitué de deux branches qui innervent les différentes parties du corps : l’une sympathique (états de combat ou de fuite), l’autre parasympathique (états de relaxation et de calme). C’est l’équilibre entre ces deux systèmes qui permet de développer des relations sociales et s’exprime par l’alternance permanente d’accélération et de décélération des battements du cœur.

Chaos et cohérence

En faisant l’essai d’un logiciel de cohérence cardiaque, David Servan-Schreiber découvre qu’un seul petit calcul mental peut indiquer une courbe de battements chaotiques alors que la simple évocation d’un souvenir agréable dessine une courbe régulière et cohérente. Cette variabilité est particulièrement forte à la naissance et basse proche de la mort, ce qui est un signe que notre physiologie a moins de souplesse, de capacité à s’adapter aux variations de notre environnement, que le système parasympathique, insuffisamment entretenu s’use.

Cette baisse de variabilité des battements du cœur se lit dans les maladies liées au stress et au vieillissement. Quand on ne sait plus “freiner”, la mort est proche… La pratique régulière de la cohérence cardiaque a donc des effets bénéfiques sur l’ensemble de notre physiologie.

La gestion du stress

En laboratoire, on a pu démontrer que la cohérence permet au cerveau d’être plus rapide et plus précis. Elle n’est donc pas un état de relaxation, mais un état de pleine présence au monde, sur un plan harmonieux et non conflictuel. Cette découverte va à l’encontre de toutes les données connues en matière de stress. Jusqu’à présent, on a toujours pensé que pour combattre le stress, il fallait travailler sur les circonstances extérieures génératrices de stress. A l’inverse, le principe de la cohérence cardiaque préconise d’apprendre à contrôler notre intérieur de manière à minimiser l’impact du monde extérieur sur nous. Pour ce faire, il suffit d’apprendre à vivre la cohérence cardiaque.

4 Vivre la cohérence cardiaque

Ensuite, on se connecte à la sensation de chaleur qui apparaît dans la poitrine et peut être stimulée par l’évocation d’un bon souvenir. Si on ressent le bien-être, l’envie de sourire, on est en cohérence cardiaque et on est alors dans l’état parfait pour faire face à n’importe quelle situation. La pratique régulière rend l’exercice de plus en plus facile. Un logiciel de “biofeedback” permet de mesurer cette cohérence.

Les bienfaits de la cohérence

Ce logiciel peut être utile pour convaincre de la réalité de la cohérence cardiaque. Celle-ci peut faire disparaître les palpitations ou les attaques de panique, l’anxiété ou la peur de parler en public.

Sur le plan physique, elle régularise la tension artérielle, rééquilibre le système hormonal, dynamise le système immunitaire.

Sur le plan psychologique, elle réduit considérablement l’anxiété.

Vivre la cohérence

Quand on accepte de porter son regard vers son cœur, on s’ouvre au monde des sensations et des émotions. C’est aussi l’accès au monde intuitif qui peut nous guider vers la compassion et la tendresse envers nous-même. Quand elle s’applique de manière régulière, elle permet de résoudre la plupart de nos problèmes liés au stress, à la colère. En contrôlant le stress, la dépression, nous permettons à notre physiologie de rajeunir…

Toutefois, il existe des situations où nous vivons des chocs émotionnels tels que se tourner vers notre intérieur peut être impossible. Il faut alors avoir recours à une autre méthode qui trouve sa base dans le mécanisme des rêves. C’est l’EMDR ou IMO.

5 L’auto-guérison des grandes douleurs : l’intégration neuro-émotionnelle par les mouvements oculaires (EMDR)

La cicatrice de la douleur

Lorsque nous vivons des événements très douloureux, ceux-ci peuvent laisser des marques profondes dans notre cerveau; c’est ce qu’on appelle l’ESPT ou état de stress post-traumatique. Cet état peut être ressenti des années après l’événement comme s’il s’était inscrit sans que notre raison puisse y faire quoi que ce soit comme si le cerveau cognitif n’avait pas accès aux parties du cerveau émotionnel marqué par le traumatisme. Pourquoi ? Parce que celui-ci ne désapprend JAMAIS la peur. C’est le cerveau cognitif seul qui peut apprendre le contrôle, à condition qu’il parvienne à fonctionner normalement…

Cet aspect de l’ESPT est bien connu des milieux psychiatriques et on sait aussi que la verbalisation du traumatisme ne fait parfois que l’aggraver. Quand David Servan-Schreiber a découvert l’EMDR, il ne pouvait, en tant que scientifique, donner du crédit à des séries de mouvements oculaires de quelques secondes pouvant faire disparaître toute trace de traumatisme. Mais le médecin s’est trouvé être très attiré par ces possibilités extraordinaires.

Un mécanisme d’auto-guérison dans le cerveau

L’EMDR repose sur un postulat de base : nous sommes tous capables de digérer les petits traumatismes émotionnels, exactement comme le fait notre système digestif avec les aliments. Le “deuil” de Freud, la “résilience” de Cyrulnik sont devenus “le système adaptatif de traitement de l’information”. Mais ce processus n’est parfois pas possible; c’est le cas quand la personne vit l’événement comme un traumatisme au sens propre.

Les souvenirs du corps

La mémoire fonctionne par analogies. Un seul élément du souvenir traumatisant peut le ramener au complet. L’EMDR évoque ce souvenir dans tous ses aspects puis stimule le système adaptatif de traitement de l’information. C’est comme si les mouvements oculaires permettaient un accès rapide à tous les réseaux associés au souvenir traumatique en traitement. Ces réseaux du passé peuvent alors se connecter aux réseaux cognitifs du présent et faire disparaître complètement l’empreinte neurologique de la peur ou du désespoir.

6 L’EMDR en action

David Servan-Schreiber illustre dans ce chapitre l’action de l’EMDR. D’abord par le cas de Lilian, violée enfant par son père dans des circonstances extrêmes qui, après des années de psychothérapie et de psychanalyse croit avoir résorbé les effets de ce viol. Mais lors d’une situation précise, elle retrouve les symptômes de son incommensurable peur d’enfant. En une heure et en respectant les étapes du processus de deuil, Lilia a réussi à faire une lecture d’adulte de son traumatisme et à désarmer toute émotion inappropriée.

Ensuite, le cas des enfants du Kosovo où David Servan-Schreiber participait à une mission d’aide aux victimes de traumatismes, il a pu constater que l’EMDR avait des effets particulièrement rapides chez les enfants et pouvait faire disparaître les effets des traumatismes de façon définitive. Malgré son scepticisme devant les résultats quasiment magiques de ces séances, il a bien dû se résoudre à admettre que la technique était d’une efficacité remarquable.

La bataille de l’EMDR

Bien que les instances officielles de la psychiatrie aient reconnu cette méthode de guérison des traumatismes comme la mieux tolérée et la plus rapide, elle est actuellement controversée et la raison en est qu’on explique mal, scientifiquement, cette efficacité. Ce phénomène est fréquent, en médecine où des théories sont émises longtemps avant les découvertes officialisées et admises et, de ce fait, complètement ignorées.

L’EMDR et le sommeil des rêves

On peut penser que le mouvement des yeux jouent un rôle important dans la réorganisation des informations dans le cerveau, dans les rêves comme dans l’EMDR. et qu’ils entraîne une relaxation automatique et une réduction de la fréquence cardiaque. Toujours est-il que la technique est entrain de gagner sa place et dans la pratique et dans l’enseignement.

Les petits traumatismes laissent une longue trace

La psychiatrie a depuis longtemps émis l’hypothèse que la plupart des troubles psychiques avaient pour origine des événements traumatiques. Et quand la trace des symptômes émotionnels discordants disparaît grâce à l’EMDR, on constate également la disparition de la plupart des troubles psychiques. Il ne faut donc pas limiter la recherche du traumatisme à l’ESPT : toute forme de dépression ou d’anxiété mérite une recherche dans l’histoire du patient pour en éliminer les traces émotionnelles.

C’est d’ailleurs là la limite même de l’EMDR. Moins efficace pour des symptômes qu’on ne peut associer à des événements traumatisants du passé. Pour ces cas, il serait intéressant d’étudier l’intégration du cerveau émotionnel à un environnement dont il partage les rythmes.

7 L’énergie de la lumière : régler son horloge biologique

Le docteur Cook et les Esquimaux

Cook, lors de ses expéditions polaires, avait noté combien le moral et l’énergie de ses compagnons se mettaient en berne lors des périodes des ténèbres hivernales. Il les astreignait alors à s’exposer plusieurs heures à des feux de camp, notant que c’était bien la lumière des feux plutôt que leur chaleur qui remettait ses hommes d’aplomb. De même il observait l’effervescence qui régnait parmi les Esquimaux au début de printemps. La Bible avait déjà noté ces effets bénéfiques de la lumière sur l’humeur et l’instinct humains.

Le fait est que la lumière conditionne bien des comportements du cerveau émotionnel, en stimulant l’hypothalamus qui régit la sécrétion de toutes les hormones du corps. Et la lumière du jour, même de grisaille, est 20 fois plus intense que le meilleur éclairage électrique.

Tous les rythmes du corps

Beaucoup de fonctions corporelles sont soumises au cycle de 24 heures. Même les rêves sont indépendants de nos cycles de sommeil et s’expriment plutôt en fin de nuit : ils continuent à vouloir se manifester aux mêmes heures ce qui explique les symptômes du décalage horaire. C’est le même phénomène qui nous laisse dans le brouillard les nuits où l’on se couche tard et se lève tard : le cortisol a commencé son action après la période des rêves. Les difficultés qu’éprouvent 10% de la population durant la période hivernale s’expliquent de la même manière : le dérèglement est d’ordre biologique et non d’ordre émotionnel.

Simuler l’aube naturelle

La thérapie par la lumière pour les dépressions à caractère saisonnier permet, par l’exposition matinale progressive à une lumière artificielle très forte, de soigner les effets d’une dépression saisonnière en 2 semaines.

En reliant notre réveil matin à une lumière stimulant la lumière de l’aube, notre cerveau reconnaîtrait tout de suite ce message qu’il a appris depuis des millions d’années d’évolution. C’est l’hypothalamus qui en reçoit le message et comprend qu’il peut organiser une transition du sommeil à l’éveil. L’effet sur l’organisme est général : plus d’énergie, meilleure concentration et le tout par un moyen entièrement naturel et utile pour tout le monde, qu’on soit ou non stressé ou déprimé. Ses effets se font également sentir sur le cycle menstruel, la régulation de l’appétit, l’amélioration de la qualité du sommeil et son utilisation pourrait se répandre de manière significative !

8 Le contrôle du Qi : l’acupuncture manipule directement, le cerveau émotionnel

Des rendez-vous manqués

Lors de ses études, un professeur avait projeté un exemple de chirurgie pratiquée sous acupuncture, mais rien, dans la pratique de David Servan-Schreiber n’est venu relayer cette information. Plus tard, lors d’un voyage en Chine, il apprend d’un médecin que notre approche occidentale de la maladie fonctionne à l’inverse de la leur. Chez nous les dérèglements physiques sont perçus comme des manifestations d’un problème mental alors qu’en Chine, le problèmes mentaux sont les manifestations de problèmes physiques ou d’un déséquilibre du Qi (prononcer “chi”), énergie qui équilibre le physique et le mental, indissociables. Pour intervenir sur le Qi, il y a 3 moyens : la méditation, la nutrition et l’acupuncture. Second rendez-vous manqué : ces notions sont trop loin de l’esprit cartésien de l’auteur.

Il fallut la rencontre avec une femme dépressive remise d’aplomb par quelques semaines d’acupuncture pour que David Servan-Schreiber s’intéresse enfin à cette forme d’intervention.

Le mot de la science

L’acupuncture s’est exercée de façon continue depuis plus de 5000 ans. Un record absolu dans le domaine ! Et on ne peut invoquer l’effet placebo si puissant en termes de soin puisque des expériences sur les animaux ont été concluantes. De plus, la littérature scientifique fournit bon nombre d’expériences positives concernant plusieurs pathologies.

Une rencontre personnelle

David Servan-Schreiber se décide à vivre l’expérience d’une séance d’acupuncture pendant laquelle il découvrira toute une série de sensations étonnantes dont il ne comprend absolument rien puisque rien ne correspond à son apprentissage médical traditionnel, mais dont les effets lui ouvrent de nouvelles perspectives.

L’acupuncture et le cerveau

Il a fallu du temps et bien des expertises scientifiques pour que l’acupuncture soit reconnue et approuvée par la médecine occidentale. Un de ses concepts étonne particulièrement : le fait qu’il existe différents types morphopsychologiques dont les fameux “yin” et “yang” qui font que l’on peut parvenir à un résultat radicalement opposé avec la même manipulation d’aiguilles. Par ailleurs, étant donné le fait qu’on ne comprenne pas bien les mécanismes de l’acupuncture, son utilisation pour soigner la dépression ou l’anxiété reste controversée en Occident. Par contre, on s’intéresse de près à son efficacité pour soulager la douleur.

C’est à Harvard que des études ont été menées pour arriver à démontrer le contrôle que pouvait exercer l’acupuncture sur les régions du cerveau émotionnel qui régissent la douleur et l’anxiété. De plus, l’acupuncture aurait une influence directe sur l’équilibre entre les deux branches du système nerveux autonome, augmentant l’activité du parasympathique et favorisant la cohérence du rythme cardiaque. C’est donc tout l’organisme qui est remis en équilibre par cette médecine.

9 La révolution des oméga-3 comment nourrir le cerveau émotionnel

Une triste naissance

A partir d’un exemple banal de baby blues vécu par une de ses patientes, David Servan-Schreiber nous explique que, lors de la constitution du fœtus, celui-ci peut littéralement vider sa mère d’un élément essentiel à son développement, l’acide gras oméga-3. Et comme l’adulte en consomme peu, cette carence mène à la dépression.

L’huile qui fait marcher le cerveau

Toutes les cellules se renouvèlent constamment et comme le cerveau est constitué aux 2/3 d’acides gras, ses cellules et en particulier leur membrane par laquelle s’effectue la communication inter-cellulaire, a besoin d’être alimentée en graisses liquides à température ambiante (ce sont les acides gras oméga-3) pour être souple et que la communication soit aisée. La privation de ces acides gras conduit à l’anxiété et à la perte de sensations de plaisir.

La dangereuse énergie de Benjamin

La maniaco-dépression… Le cas décrit par David Servan-Schreiber raconte l’histoire de Benjamin qui, suite à crise maniaque a tout perdu et a finalement retrouvé un total équilibre émotionnel par la seule prise de gélules d’oméga-3. Mais cette huile agit sur d’autres plans également.

Electrochocs contre huile de poisson

Dans le cas de la maladie de Huntington, la plus grave et la plus mortelle des affections du cerveau, les études sont toujours en cours, mais elles tendent à confirmer l’extraordinaire efficacité du traitement par les oméga-3 qui contrecarre tristesse, manque d’énergie, anxiété, insomnie, baisse de libido et tendances suicidaires.

Le régime des premiers hommes

Dans la nature, il existe deux types d’acides gras essentiels : les oméga-3 et les oméga-6 qui n’ont pas les mêmes fonctions et favorisent les phénomènes inflammatoires. On pense que les premiers développements du cerveau de l’Homo sapiens tiennent à une alimentation parfaitement équilibrée de ces deux acides gras, produisant des neurones de haute performance. Or, notre société occidentale fournit un ratio tout à fait défavorable aux oméga-3, ce qui aboutit à de nombreuses maladies inflammatoires comme les maladies cardio-vasculaires, le cancer, l’arthrite et la maladie d’Alzheimer. Au niveau du cœur, les oméga-3 renforcent la variabilité du rythme cardiaque et protègent contre les arythmies et donc contre la dépression.

La dépression est-elle une maladie inflammatoire ?

On trouve généralement des symptômes de dépression dans toutes les maladies physiques qui ont une composante inflammatoire diffuse. Or, le stress déclenche justement des réactions inflammatoires.

Où trouver les acides gras essentiels de type oméga-3 ?

Surtout dans les algues et le plancton qui nous arrivent par l’intermédiaire des poissons et des crustacés. L’essentiel, pour éviter la contamination toxique, est de choisir les poissons qui sont dans le bas de la chaîne alimentaire ou de se tourner vers des sources végétales. Les herbes et les feuilles dont les animaux se nourrissent dans la nature sont riches en oméga-3, ce qui n’est pas le cas de la nourriture donnée aux animaux d’élevage. Le mieux, dans la vie courante, pour s’assurer d’en consommer des quantités adéquates, est de l’absorber sous forme de complément alimentaire, combiné à d’autres vitamines pour éviter l’oxydation des oméga-3 et pour prévenir les maladies chroniques.

Le jugement de l’Histoire

Lorsqu’on écrira l’Histoire de la médecine, il faudra parler de deux tournants majeurs : la découverte des antibiotiques qui ont pratiquement éradiqué la pneumonie et l’impact de la nutrition sur les grandes maladies occidentales. Ce retour au principe d’Hippocrate –”laisse ta nourriture être ton remède et ton remède ta nourriture”- aura mis 2500 ans à se faire, mais il est en marche.

10 L’amour est un besoin biologique

Le défi émotionnel

Notre cerveau émotionnel est particulièrement maltraité lorsque nous vivons des conflits avec les personnes de notre entourage direct. Il peut au contraire nous faire éprouver du bien-être devant des événements faisant ressortir la compassion, la solidarité, l’expression de l’amour. C’est un fonctionnement naturel et spontané que connaissent bien les réalisateurs de cinéma et les publicitaires.

La France a un taux de dépression égal à celui du Liban (en guerre pendant si longtemps !) alors que c’est un pays qui connaît tous les conforts de vie, un climat agréable et des paysages variés. La cause en est, selon David Servan-Schreiber, la violence des rapports quotidiens entre individus. C’est ce que l’Amérique a compris et insère dans sa gestion du personnel d’entreprise !

La physiologie de l’affection

Ce qui distingue le cerveau émotionnel du mammifère par rapport à celui des reptiles, c’est que l’espèce donne naissance à une descendance dépendante de ses parents dans les débuts de sa vie, l’homme en étant l’illustration la plus forte. Nos structures limbiques sont programmées à être sensibles aux besoins de nos enfants et ce sont ces structures qui nous rendent capables de créer des liens sociaux de type appel/réponse au niveau de l’affect. Ce contact émotionnel est donc un vrai besoin biologique

L’amour est un besoin biologique

Autrefois, dans les unités de soins néonataux, on mettait les prématurés en couveuse avec l’instruction rigoureuse de ne jamais y toucher en dehors des soins indispensables. On ne comprenait pas, à l’époque, pourquoi ces enfants ne se développaient pas avant de quitter leur couveuse, malgré un environnement parfait. David Servan-Schreiber rappelle l’histoire de cette unité de soin néonataux aux Etats-Unis où une infirmière, ne supportant pas les cris des nouveau-nés, les caressait, leur parlait et ces enfants se développaient de façon très marquée. Des chercheurs ont depuis, démontré que le contact physique est indispensable au développement et à la survie. Un autre exemple est celui des orphelins roumains qui, en l’absence totale de contact humain, se sont développés avec un cerveau émotionnel atrophié de manière irréversible. Même chez les rats, la principale source de régulation biologique, c’est la présence et les soins de la mère.

“Votre femme vous manifeste-t-elle son amour ?”

Selon une étude du British Medical Journal, les effets pathologiques de l’absence de soutien affectif de son conjoint sont énormes et ceux qui en souffrent développent considérablement plus de maladies que ceux qui se disent bien accompagnés. Cette étude prouve que la régulation de notre physiologie est dépendante des relations que nous développons avec nos proches. Pourtant, cette vérité scientifique a du mal à passer parce qu’elle n’alimente pas l’industrie pharmaceutique.

Quand les animaux nous soignent

Dans les services médicaux où il travaillait, David Servan-Schreiber se voyait souvent appelé en dernier recours pour prescrire aux malades, surtout des personnes âgées devant subir une médication lourde à leur retour chez eux. Quand il s’est mis à prescrire un animal, ses collègues l’ont écarté, prescrivant eux-mêmes l’anti-dépresseur ou l’anxiolytique. Renonçant à ces prescriptions non suivies, il a fini par procurer des études qui démontraient la différence significative dans les chances de longévité d’une personne âgée, d’un handicapé ou d’un malade atteint d’une maladie probablement mortelle possédant un animal ou, même, ayant en maison de retraite, la responsabilité d’une plante. La même étude avec les mêmes conclusions a été faite sur des courtiers en bourse, métier des plus stressants.

Les chiens de Sarajevo

La très jolie histoire des chiens de Sarajevo nous dit combien le fait de donner, même à un animal, peut se faire sentir humain. L’histoire est celle d’un couple ayant recueilli une chienne abandonnée qui donna naissance à 7 petits donc 5 survécurent grâce à l’aide de personnes qui partagèrent leur pourtant si maigre pitance avec ces chiots. Ils sentaient alors qu’ils comptaient pour quelqu’un…

Avoir du sens pour quelqu’un, pouvoir partager avec lui et ses richesses et ses pauvretés, lui être utile autant qu’il l’est pour soi, aimé et être aimé est une parade essentielle à l’anxiété et à la dépression. Nos rapports à autrui gèrent notre physiologie alors que les rapports violents la détériorent. Il nous faut donc apprendre la communication émotionnelle.

11 Ecouter avec le cœur

Si un psychiatre est préparé à recevoir la détresse émotionnelle d’un patient, ce n’est pas le cas pour un généraliste ou un chirurgien qui ne dispose généralement que de peu de temps pour sa consultation. Comment apporter à ceux-ci l’outil efficace qui ne leur prendrait guère plus de 10 minutes pour gérer cette émotion ? David Servan-Schreiber décrit la méthode de Marian Stuart et Joseph Lieberman qui nous permet non seulement de nous rapprocher de ceux qui ont de l’importance pour nous, mais aussi de nous soigner nous-même sans pour autant être psychiatre.

Q pour “Que s’est-il passé ?”. Pour se connecter avec celui qui souffre, il faut connaître les événements de sa vie qui l’ont blessé, donc l’écouter, maximum 3 minutes.

  • E pour Emotion. Demander à la personne ce qu’elle a ressenti est essentiel, même si cela paraît évident.

  • L pour Le plus difficile. Elle est la plus efficace de toutes les questions parce qu’elle permet d’aller au fond pour mieux rebondir, à focaliser l’esprit sur l’essentiel de la douleur.

  • F pour Faire face. En demandant à la personne ce qui l’aide le plus à faire face, on la guide vers les ressources qui existent déjà. Ceci permet à la personne de retomber sur ses pieds, ce dont elle avait besoin et non pas à trouver la solution à sa place, ce qui ne l’aiderait pas.

  • E pour Empathie. Exprimer sincèrement ce qu’on a éprouvé en écoutant permet à l’autre de ne plus se sentir seul avec son fardeau.

Dans les échanges émotionnels réussis, notre cerveau développe une confiance qui nous protège de l’anxiété et de la dépression. C’est dans ce sens que nous nous soignons nous-même. David Servan-Schreiber est décédé le 24 juillet 2011 après 19 années de luttes et de victoires contre un terrible cancer du cerveau. http://www.guerir.org/david-servan-schreiber/david-servan-schreiber.htm

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