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Conditionnement : Comment le cerveau peut nous faire basculer du simple plaisir à l’addiction

La vue d’un carré de chocolat ou plus généralement d’une sucrerie provoque chez certains l’envie, voire un besoin irrésistible de le consommer. Ce phénomène s’explique, en partie, par l’activation du circuit cérébral de la récompense.

Le principal neurotransmetteur émis dans le circuit de la récompense est la dopamine mais d'autres sont aussi présents : le Gaba, la noradrénaline, la sérotonine. La dopamine est la « molécule du plaisir » libérée dans le noyau accumbens. Les neurones à dopamine sont impliqués dans le plaisir et le désir.



La première fois que nous avons dégusté un carré de chocolat, les régions du cerveau impliquées dans le système de la récompense (il s’agit essentiellement de l’aire tegmentale ventrale et du noyau accumbens) ont été activées. Ce système, que nous partageons avec de nombreux mammifères, a pour objectif de maintenir notre équilibre global, aussi appelé « l’homéostasie ». Il nous pousse à nous livrer aux activités essentielles au bon fonctionnement notre organisme, telle que manger ou dormir.

L’activation du circuit de la récompense aboutit à la libération finale de dopamine, le messager chimique du plaisir. Cette libération de dopamine aide à mémoriser le stimulus agréable. C’est ce qui nous amène à répéter un comportement nous procurant du plaisir. On parle de renforcement positif : je mange un carré de chocolat, j’y prends du plaisir, mon cerveau le mémorise. Les fois suivantes, le système de récompense s’active immédiatement à la vue du chocolat, avant même que je ne l’aie mis dans ma bouche. À sa vue, j’ai envie d’en manger à nouveau : je suis « conditionné ».

Outre le circuit archaïque de la récompense (j’ai faim, je mange), trois autres circuits cérébraux s’activent lorsque des récompenses naturelles : le circuit de la mémoire et de l’apprentissage, le circuit de la motivation (qui influe sur l’engagement d’une personne pour une activité donnée) et le circuit du contrôle, qui permet de répondre de manière adaptée aux situations sociales.

Si le plaisir correspond à l’expérience de la récompense, l’espérance de cette récompense correspond probablement au désir. Mais nous avons besoin d’aller jusqu’à la satisfaction du plaisir pour que le renforcement positif soit maintenu.

Par ailleurs, l’être humain n’est pas uniquement motivé par son appétit : il est également sensible à des stimuli plus complexes, tels que l’art ou la musique. Il a ainsi été démontré que la contemplation d’un tableau ou l’écoute d’un morceau de musique, quel que soit le style, peuvent stimuler eux aussi le circuit de la récompense. Ces stimuli étant moins innés, car peu essentiels à notre survie, ils sont plus sensibles à l’apprentissage.

Quand le système s’emballe : du plaisir à l’addiction


Le circuit de la récompense a été découvert dans les années 1950 par James Olds, psychologue et neuroscientifique américain, et Peter Milner, neuroscientifique canadien. Les deux chercheurs avaient implanté des électrodes dans le noyau accumbens du cerveau d’un rat. En appuyant sur un levier, le rat pouvait stimuler lui-même la région de son cerveau impliquée dans le circuit de récompense. Résultat : le rat s’auto-stimulait sans arrêt, ne prenant même plus le temps de manger. Autrement dit, la stimulation directe de ce circuit était tellement puissante qu’elle devenait contre-productive, puisque l’animal en oubliait ses besoins fondamentaux. C’est sur ce principe que fonctionnent les drogues, qu’elles soient licites (tabac, alcool) ou illicites (cocaïne, opioïdes tels que l’héroïne…), ou encore certains comportements (jeux de hasard et d’argent…).Dans un premier temps, ces activités procurent évidemment du plaisir. Mais ensuite, au fur et à mesure de la répétition du comportement, les divers circuits cérébraux impliqués dans ces comportements vont se modifier.

Dans les addictions, ils sont désynchronisés : les circuits de récompense et de mémoire-apprentissage fonctionnent de leur côté, tandis que le circuit de la motivation et celui du contrôle vont fonctionner isolément, chacun dans leur coin en quelque sorte. Cette désynchronisation de la circuiterie cérébrale se traduit par une perte de la motivation et du contrôle, et une recherche de la récompense immédiate, apprise et enregistrée à force de répétition.


Trouver son bon plaisir

Pour éviter de tomber dans le piège de l’addiction tout en continuant à prendre du plaisir au quotidien, plusieurs leviers sont à notre disposition.


En matière d’alimentation, les sucres sont un puissant stimulateur du système de récompense, il faut donc les consommer modérément. L’idée est d’éduquer notre système de récompense en le sensibilisant à d’autres stimulus : la variété, les couleurs, les parfums, les saveurs… Bref, à tous ces plaisirs qui peuvent remplacer le plaisir du sucre. Et n’oublions pas que manger, c’est aussi partager, en famille ou avec des amis, ce qui décuple le plaisir.

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